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Le 16 janvier dernier lors du dernier jour du Congrès du Front National à Tours, Marine Le Pen a officiellement pris la suite de son père au poste de Président du mouvement et a prononcé un discours programme. Il est intéressant de s’y arrêter.

Avant d’entrer dans le discours, signalons que ce discours était assez attendu et pas seulement par les membres dudit mouvement. C’était un exercice périlleux et l’on peut d’ores et déjà dire qu’il fut  réussi avec brio, même si quelques réserves méritent d’être signalées. Nous avons eu le sentiment d’assister à « la naissance d’un chef » ; le sentiment car, même si un certain nombre d’éléments sont là pour l’attester (1), seul le temps pourra nous dire si cela est une réalité.

Marine Le Pen 

Marine Le Pen

L’élément fondamental

Tout d’abord, disons-le tout net : le fait de s’attarder sur la question sociale/économique est une excellente chose. Il a permis de sortir du discours assez nébuleux, on peut le dire, dans lequel le parti s’était engagé depuis bien trop longtemps, même si l’on avait pu certes noter un « recentrage » dans la deuxième moitié des années 90, avec l’abandon, dans le discours, des louanges au reaganisme et au thatchérisme.

Là, ce 16 janvier 2011, le discours fut clair, on ne peut plus clair ; l’attaque fut « frontale » : sus au mondialisme, sus au libéralisme mortifère généralisé et ambiant, soutien aux classes moyennes et populaires, posture de défense des personnes aux revenus modestes. La question sociale advient et l’on ne peut que louer ce choix.

Dans deux de nos billets précédents, nous avions non seulement souligné le cas unique en Europe, d’un mouvement politique d’ampleur nationale au discours antimondialiste et antilibéral (le Front National tranche en effet d’avec ses « homologues » européens, qu’ils soient suisses, belges, hollandais, suédois, italiens, etc.). Nous avions également fait état de réserves sur la solidité et la pérennité de cette ligne, tant on pouvait craindre que l’attrait du pouvoir ne ramollisse les consciences. Il semblerait donc que ces réserves soient levées (2), du moins pour un certain temps, voire un temps certain. En effet, comme le premier pas commence et commande (arkein grec) la direction, il est certain qu’après ce discours, ce cap sera tenu ferme pour quelques temps encore, au moins jusqu’en 2012.

Il faut dire qu’avec ce premier discours - en tant que Présidente de son mouvement - Marine Le Pen a plus qu’enfoncé le clou. Le choix social et national est réaffirmé, l’hostilité à la libéralisation de l’économie et de la société ainsi qu’au dictat du marché sont on ne peut plus nets. Un choix judicieux car unique dans le paysage politique français (3) et salutaire, tant on sait les ravages de cette négation des frontières et des réalités charnelles, historiques, culturelles des nations.

Ce discours-programme annonce donc un bon cap et il doit être maintenu. Un grand nombre de Français (la majorité) attend que l’on s’occupe enfin d’eux. La situation précaire (professionnellement et financièrement) de beaucoup trop de Français, leur manque de certitudes face à l’avenir, leur repli et la désaffection du politique pour certain, demandent en effet une action rapide et réelle en faveur de ces derniers. Tout comme les abus de certaines entreprises industrielles et bancaires (le bankstérisme) pour lesquelles les affaires vont de mieux en mieux, qui nécessitent une fin définitive, les disparités de salaires entre français qui doivent être réduites (4). Il en va de la sauvegarde non seulement de ces Français pauvres ou en voie de l’être, mais de la France dans son ensemble, tant ce sont ces classes sociales (moyennes et populaires) qui « font » le pays. Il y a urgence pour la mise en place d’une politique sociale effective, efficiente et affirmée en faveur du peuple français ; le verni de pacotille, la peinture de ravalement jusqu’ici appliquée en guise d’ « action sociale » par les différents gouvernements successifs depuis quarante ans n’étant pas sérieux une seconde.

 

douce france

Notre douce France; que serait-elle sans nos clochers ?

La réserve

La réserve que l’on pourrait formuler concernant ce discours du 16 janvier, c’est celui touchant à l’islamisation, à l’Islam. Certes, pourrait-on objecter, il s’agit d’un discours politique, et son but est de rassembler, de mobiliser. Il est vrai que ce thème est en vogue tant en France que partout en Europe, qu’il remporte un certain succès (5) avec des convergences inattendues (6) voire inespérées. Néanmoins, les symptômes ne sont pas la maladie. Et c’est là que l’on peut pointer une erreur dans le discours. Erreur, car la critique, la dénonciation de ces symptômes ont été plus que récurrentes dans les propos tenus ce jour là, sans que la cause réelle n’ait été abordée une seule fois.

Car, en définitive, quel est le vrai problème, la cause de ce symptôme, si ce n’est en fait l’immigration de peuplement que la France subit depuis le début des années 80. De plus, on pourrait ajouter que si était ôtée la composante islamique à cette immigration massive sur notre sol, il n’en resterait pas moins l’existence d’une menace mortelle pour l’identité nationale à moyenne échéance, par la seule présence d’étrangers extra européens. Les chiffres sont là pour l’attester : dans moins d’un demi-siècle, nous passerons le cap irrémédiable vers la substitution de population, si rien n’était entrepris pour inverser le phénomène. Par ailleurs, compte-tenu du fait que ceux qui sont déjà présent sur notre sol ont des taux de fécondité bien supérieurs à ceux des Français de souche, il ne s’agit donc pas seulement de stopper ces flux : il faut absolument les inverser.

Et donc l’attaque sur l’islamisation et l’Islam est à mon sens une erreur. De plus, on ne s’attaque pas à cette question, à ce problème, en rétorquant uniquement, comme il a été fait, par « laïcité », « République », etc. En effet, face à une religion comme l’Islam qui est aussi un Droit, une culture, un mode de vie (soit dit en passant, totalement étrangère à ce qu’est l’Europe, la France) la réponse ne peut pas être seulement politique. La réponse doit être métapolitique. Il eut été judicieux de répondre, en la matière, que la culture et que l’histoire de France commandent. Que si des musulmans désirent être et demeurer en France - ils sont les bienvenus - ils doivent se conformer à ses traditions culturelles et religieuses, à ses us et coutumes et bien sûr à son Droit qui en découle (il ne faut pas inverser les termes : le Droit Français n’est que la formalisation nécessairement généralisante et partielle, de ce mode de vie propre au Génie de notre peuple). Si des personnes de confession musulmane ne voulaient pas s’y conformer (7), elles pourraient trouver dans beaucoup d’autres pays (8) le cadre idéal pour s’épanouir et à même de satisfaire leurs envies, leurs aspirations spirituelles, tout à fait légitimes au demeurant.

Ce n’est donc pas tant « laïcité » et « République » qu’il fallait énoncer, à mon sens, mais « culture », « civilisation », « histoire », « traditions », sans omettre le qualificatif « chrétien » car, quand bien même un certain nombre de Français de souche ne pratique pas leur religion, ils n’en demeurent pas moins chrétiens (9) (de culture, de civilisation, d’histoire, de traditions), et ce, même malgré eux. Notre droit français lui-même, bien que bâtit en hostilité ouverte au christianisme - au moment de la Révolution Française et dans les années qui suivirent - est néanmoins pétri de christianisme. C’est un fait (10). Et l’on ne peut, ni ne doit, nier cette  réalité, à moins de sombre dans la schizophrénie.

 

Caspar David Friedrich La Mer de glaces

C'est la débâcle ! Le printemps s'annonce... 

(Caspar David Friedrich. La Mer de glaces)

La fonte des glaces

Par delà l’arrivée de Marine Le Pen à la présidence de son parti et son discours du 16 janvier dernier, on peut déceler la marque d’un changement d’époque dans la vie politique française dans son ensemble. En effet, il y a dans la société française depuis tout juste quelques temps - de manière moins formelle, rapide et institutionnelle certes qu’un changement de dirigeant à la tête d’un parti politique important - des signes annonciateurs de ce nouveau moment (11). La parole semble se libérer, des thèmes jusqu’à là « tabous » sont maintenant abordés avec moins d’hystérie, des personnalités du milieu politique, médiatique et artistique font ouvertement état de leurs idées « conservatrices », voire « réactionnaires » (12). Nous semblons aborder une sorte de « révolution conservatrice » dans notre pays. Cela est encore bien timide, bien sûr, mais néanmoins le fait est là. Il semble que nous nous débarrassons peu à peu de ces écailles qui nous encombraient et nous obscurcissaient le champ politique avec la fonte des statues de neige (13). C’est la débâcle ! Bientôt le printemps ? Nous l’attendons tous, il est inéluctable de toute manière. Allons-nous revoir de belles fleurs (re)surgir ? Nous l’espérons !

 

 

Notes :

(1) Vigueur, énergie, volonté, esprit de décision, fermeté, vision politique, bref, toutes les caractéristiques de l’autorité.

(2) Il se pourrait donc que je me sois trompé bel et bien. J’en suis le premier ravi.

(3) Unique car ceux qui, à gauche, critique le mondialisme et le libéralisme, campent par ailleurs sur des positions diamétralement opposées en voulant toujours plus d’immigration (extra-européenne), plus d’ « ouverture », moins de frontière, bref, tout ce que le libéralisme désire et défend (la « libre circulation »).

(4) Les écarts sont passés de 1 à 20, à 1 à 100 en trente ans. Nous ne sommes pas loin des républiques dites bananières.

(5) On pourrait même aller jusqu’à dire qu’il est « autorisé », tant il sert les intérêts cachés de certaines communautés… Le discours anti-Islam de Marine Le Pen est incontestablement bien vu par certains lobbies.

(6) Entre des représentants d’une certaine gauche laïcarde, des républicains moins échevelés de type chevènementiste, des identitaires, des souverainistes, des nationalistes.

(7) La France n’étant pas un terrain de camping, ni une auberge espagnole. Par ailleurs, n’oublions pas que dans cette composante musulmane de la population française, seul un petit nombre pratique effectivement le culte de Mahomet, un nombre égal ou supérieur de peu à la pratique religieuse des chrétiens français. A cela ne doit pas être omis le fait que, depuis les années 90, dirons-nous, une réislamisation est à l’œuvre en France ; c’est le résultat de la mondialisation (l’Islam se « fondamentalise » dans les pays à majorité musulmane depuis les années 70 avec la fin de l’idéologie nationaliste révolutionnaire – souvent d’inspiration marxiste d’ailleurs).

(8) L’Arabie Saoudite et les pays dit du Golfe, par exemple ou encore le Pakistan ou d’autres pays du monde arabe, comme des pays appliquant peu ou prou la Shari’ah.

(9) Des « chrétiens civilisationnels », pourrait-on dire. Un peu à la manière d’un Charles Maurras, par exemple.

(10) On peut renvoyer aux travaux des Professeurs Xavier Martin, Jean de Viguerie.

(11) Parallèlement à cela, nous observons aussi un changement à l’échelle mondiale, avec une crise financière et monétaire qui est loin d’être finie (Cf. les travaux d’Hervé Juvin). Les conséquences de cette dernière sont incalculables.

(12) Et cela ne vient en rien gonfler les voiles de la droite traditionnelle acquise depuis trop longtemps au libéralisme et au mondialisme comme idéologie.

(13) Cf. Drumont.

 

Crédit Photos :

Marine Le Pen :http://www.nationspresse.info/wp-content/uploads/2010/11/DSC_4766.JPG

Douce France : http://calystegia.org/images/douce_france.jpg

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